Vincent Luciani, diplômé d’HEC et Polytechnique, a cofondé en 2015, avec Guillaume de Roquemaurel et Philippe Rolet, la société de conseil dans l’analyse de données Artefact.
Il vise deux à trois acquisitions. Il est l’invité du Club Entrepreneurs Challenges – Montefiore Investment.
Challenges – Pourquoi avoir créé une entreprise de conseil dans l’analyse de données ?
Vincent Luciani – Après Polytechnique, j’ai commencé ma carrière chez McKinsey, dans le conseil, sur une grande diversité de sujets avant de me spécialiser. J’ai senti que de nombreuses entreprises manquaient d’une composante technologique pour exploiter leurs données. Avec Guillaume de Roquemaurel et Philippe Rolet, nous avons compris que nous pouvions construire des solutions tech en les proposant aux entreprises afin de résoudre leurs problèmes.
Concrètement, sur quels projets travaillez-vous ?
Nous mettons à disposition une équipe qui intervient chez un client sur un sujet donné. Chez Orange, par exemple, une centaine de personnes ont travaillé sur leurs infrastructures et sur des programmes de recommandations personnalisées pour leurs clients. Nous avons développé avec leurs équipes une application pour qu’elles ne rencontrent pas de difficulté lors des déploiements de fibre optique. Nous avons utilisé de l’IA générative, notamment pour améliorer la détection de pannes sur leurs réseaux.
Quel est votre modèle économique ?
Nous ne sommes pas une plateforme SaaS, nous ne vendons pas un logiciel. Notre objectif est de transférer des compétences à nos clients. Nous leur cédons les algorithmes et les droits pour les utiliser. Ils s’améliorent ainsi sur les sujets techniques, nous ne voulons pas créer de dépendance à notre égard.
Comment s’est organisée la croissance d’Artefact ?
Il y a eu plusieurs phases. En 2017, nous rencontrons l’agence de pub Netbooster, qui fait du marketing digital, mais n’a pas pris le virage des données. Nous fusionnons avec elle et nous nous retrouvons cotés en Bourse. Jusqu’en 2021, la situation est assez chaotique. Cette année-là, nous quittons la Bourse avec 80 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous sommes alors rentables et employons environ 750 salariés dans le monde. Les fonds Ardian et Cathay Capital, qui ont racheté les actions, nous ont permis de simplifier la gouvernance.
Quelle est votre situation aujourd’hui ?
Nous avons doublé de taille au cours des trois dernières années pour arriver à 1 500 salariés dans 25 bureaux dans le monde. Le chiffre d’affaires 2023 atteignait 150 millions d’euros. Nous visons deux à trois acquisitions cette année.
Quel plaisir retirez-vous à présider une entreprise que vous avez fondée ?
Je ne suis pas parti avec une vision, à la différence d’Elon Musk. Je voulais essayer des choses en me disant que je ne prenais pas un énorme risque car à l’époque, je n’avais pas d’enfants. Ce que j’aime énormément aujourd’hui, c’est de pouvoir choisir avec qui je travaille. Au quotidien, je suis avec des gens qui m’inspirent.
Votre rêve de croissance ?
Nous visons 190 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. L’objectif est de continuer à rester un acteur indépendant afin de devenir un jour la référence mondiale du service autour des données et de l’IA.